Stephen Roche dans le contre-le-montre du Futuroscope du Tour de France 1987. On remarquera la roue avant plus petite que la roue arrière. |
Stephen Roche: » C’était un moment incroyable. Quand j’ai revêtu le maillot jaune pour la victoire finale aux Champs Elysées, je n’ai pas vraiment réalisé pour être franc. C’était un moment intense, il y avait la foule, les médias, le Président Français François Mitterand, le Premier Ministre Irlandais Charles James Haughey, le premier ministre Français Jacques Chirac, et tous les photographes et journalistes qui vous interrogent. C’était comme dans la musique d’Edith Piaf « La Foule ». J’étais emporté par celle-ci. On ne réalise pas vraiment ce qui se passe du coup. Ce n’est que bien des années plus tard que l’on le réalise l’exploit. A l’époque, on n’avait pas le droit à l’Arc de Triomphe derrière pour la photo, c’était sous les arbres à l’ombre, on ne faisait pas trop attention à cette photo du podium final du coup.
Je me souviens de cette anecdote surtout. Un journaliste m’avait demandé si je réalisais que c’est un tout le peuple Irlandais qui était derrière moi, et que j’étais l’ambassadeur sportif de tout un peuple. Et je lui ai répondu avec la fougue et l’arrogance de ma jeunesse de l’époque: » Je m’en fous, j’ai gagné le Tour de France. »
Maintenant, je suis toujours très fier d’avoir remporté le Tour, et parfois d’avoir apporter un peu de souffle, si petit soit il, à l’essor d’un cyclisme en Irlande. Quand je me mets maintenant à regarder le vainqueur du tour recevoir son maillot jaune aux Champs Elysées, je me souviens que moi aussi je l’ai gagné, que moi aussi j’étais sur la plus haute marche.
Le tour 1987, une belle bagarre entre vous, Jean-François Bernard et Pedro Delgado. Selon vous, sur quelle étape avec vous remporté le Tour 1987 ?
S. R: « Sur 2 étapes je dirais, D’abord sur le contre la montre de 36,5km abvec l’arrivée au Mont Ventoux. Jean François Bernard l’emporte mais je finis 5ème pas trop loin de Pedro Delgado. Ce fut une belle bagarre car il fallait ne pas perdre trop de temps pour jouer la première place du général par la suite. Et sur la 21ème étape, avec l’arrivée à la Plagne, Delgado était leader pour 25 sec depuis l’Alpe d »Huez la veille. Ce jour là, j’avais le feu aux jambes. Je savais que je pouvais faire un « truc » et je voulais attaquer très tôt pour tenter de gagner l’étape et réduire l’écart. Je savais que je pouvais faire la différence sur le contre la montre de Dijon ensuite.
Au menu, le Télégraphe, La Madeleine, le Galibier et le final à la Plagne. Au pied du Galibier, je suis seul avec 1min36 d’avance sur Jean François Bernard et sur le groupe du maillot jaune de Delgado. L’écart grandissait et je donnais tout ce que je pouvais. Fignon et Anselmo Fuerte m’ont dépassé et sont partis à l’assaut de la montée de la Plagne tous les 2. Derrière Delgado tentait de me rejoindre.
A l’époque, on n’avait pas d’oreillettes et je regardais derrière moi dans les virages sinueux revenir Delgado. J’étais dans la réserve de ma réserve, je donnais tout, il me fallait réduire cet écart avant le contre la montre. Delgado m’a passé à 4 km du finish, mais j’ai continué mon effort, je ne voyais plus la foule, j’étais explosé et dans les 3 derniers km, je limitais mon écart avec lui de 4 sec. A l’arrivée, je m’ écroulais par terre et je plongeais dans un état semi comateux, on m’a mis sous oxygène et on m’a conduit à l’hôpital. Mais qu’importe, j’avais réduit l’écart qui me suffisait pour remporter le maillot jaune au contre la montre plus tard. Ce fut un beau duel, une sacrée belle bagarre. »
28 ans après, vous êtes toujours sur le Tour de France, que faîtes vous durant ce tour?
S.R: » Je suis Ambassadeur de la marque SKODA, tout comme Bernard Hinault qui lui fait aussi le protocole du podium. On est là pour accueillir les invités de Skoda comme ceux de Skoda Pays Bas pour la 1ère étape, et on leur montre le Tour avec nos yeux et notre connaissance. On tente de leurs transmettre notre passion. »
Toujours dans le cyclisme sinon?
S.R: « Bien sûr. Avec ma compagnie de voyages à l’Ile de Majorque, où je propose des stages pour les adeptes du vélo . Cette année on va d’ailleurs fêter nos 20 ans d’existence et on a crée le Tour de Phares pour fêter cela, du 17 au 22 Octobre. L’occasion de découvrir Majorque avec Maurizio Fondriest et moi-même. Je tenais vraiment à inviter Maurizio qui est non seulement un grand champion mais un grand homme et un ami. Il en a gagner de belles courses comme des étapes au Giro, des classiques comme milan San Remo, un titre de Champion de Monde et il y en a tant d’autres. On passera par des endroits magiques comme La Sierra de Tramuntana ou le célèbre phare de l’île : le phare Formentor.
Dernièrement, j’ai reçu Charly Mottet qui est un ami. il n’était pas remonté sur un vélo depuis des années. Ca a été l’occasion, et on a passé un très bon moment à se remémorer nos aventures comme justement le Tour 1987.
Durant ces stages, c’est surtout l’esprit de convivialité qui prime. Il y a toutes les nationalités, comme des Américains, des Anglais,Allemands, Néerlandais, Français et Irlandais. D’ailleurs ces derniers aiment bien finir avec une guitare au fond d’un restaurant le soir pour y chanter quelques chansons de chez nous. Un super moment entre amis. »
Propos exprimés le 2 juillet 2015 et publiés sur le site Be Celt. On remarquera que la mémoire du Champion le trahit dans ses souvenirs de l'étape de la Plagne.
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